Hier au soir, vendredi 27 avril 2007 pour être précis, se tenait un grand rendez-vous au parc des expositions de Tarbes. Grand rendez-vous de la gauche unie pour la victoire de Ségolène Royal, auquel avait été dépêché son plus vaillant émissaire et le mari le plus jaloux de France, François Hollande.. Renseigné par une perturbatrice Sarkozyste, je m’y rendais pour vérifier si ce qu’il se disait de la gauche et des gauchos était bien vrai, c’est à dire si les représentants étaient en perpétuelle critique de la droite, qu’ils l’assimilaient constamment aux riches et aux patrons, si Sarkozy était bien un dictateur fou, si les gens portaient plutôt des petites lunettes, et s’ils étaient bel et bien de faux chaleureux et solidaires, ou si, au contraire, les socialistes étaient des personnes respectueuses de l’adversaire, en admiration face aux patrons qui aiment leurs employés, beaux et intelligents, logique comme des libéraux.
Rien de tout ça, mais nous verrons plus tard.
Je n’ai trouvé personne que je connaissais là-bas, hormis quelques jeunes socialistes de mon lycée, qui connaissant mon opinion politique, sont restés cois lorsque je me suis attifé d’un tee-shirt « fier d’être socialiste ». Comment voudriez-vous que je comprenne les socialistes sans porter leurs couleurs? Cela serait comme vouloir chasser sans fusil. Bref; j’y étais, la foule m’admirait, se rassurait de voir un jeune militant, prêt à se transformer en chaperon rouge pour soutenir un grand méchant loup. Mais ne caricaturons rien, non, personne n’a changé de regard à mon endroit lorsque j’ai changé de tee shirt à leur égard. Ce sont des gens normaux autour de moi, pas des vautours prêts à décharner leur patron, ou des bons conscients faux humanistes, faux respectueux, faux solidaires. Des gens normaux, pas forcément bien habillés, ni beaux, ou aux faciès emprunts d’intelligence, des gens purs, naturels. Des gens que le temps d’un soir, j’ai su comprendre.
D’abord plusieurs figures du coin se sont félicitées du score de Ségolène, de la dynamique que celui-ci créait. On a pu entendre le sénateur Fortassin, le député Glavany, Josette… Est arrivé le tant attendu bouffon des média, le plus méconnu voire méprisé des personnages politiques français par rapport à la notoriété qu’il devrait avoir, F.H. Vous allez comprendre pourquoi je dis qu’il est méconnu. Avouons que Hollande n’est pas le favori, sinon il se serait présenté depuis longtemps, mais que lui vaut cette acharnement médiatique, le montrant bêta, mou, et moche? Ce n’est pas du tout l’image que j’ai eu de lui: je l’ai trouvé extraordinairement drôle, fabuleusement avisé, magnifiquement éloquent, et je me suis trouvé ridiculement sarkozyste, méchamment droitiste, naïvement manichéen. Je vous avoue que son harangue, à quelque moment que ce fut, a été, pour ne pas mentir, largement plus persuasive, entraînante, charismatique, que bien des discours panégyriques que j’ai pu entendre. Ici F.H a su rendre Royal prodigieuse, douée, attirante, mieux que n’importe qui, ne serait-ce elle même, aurait pu le faire. Aucun égoïsme, rien que de la dévotion, oui, pas une seule fois il n’a parlé de lui, et il a réussi à faire crier à la foule: « bravo Ségolène » alors même qu’elle n’était pas présente, et lorsque n’importe quel public aurait crié « bravo Hollande ». Et puis son humour! Sa manière d’utiliser l’art du discours, d’apporter le sourire, le rire, l’assentiment d’un public avec un raisonnement totalement manipulé par les mots. Je ne lui reproche d’ailleurs pas cela, car c’est son rôle, et que j’en ai marre d’entendre des arguments inattaquables, scientifiques, là c’est sur le sentiment qu’il a su jouer, et s’en tirer avec brio. Ce soir là, Hollande est devenu mon personnage politique préféré, loin devant le Bayrou écouté quelque temps auparavant, ou le Sarkozy rencontré en Tunisie. Persuadé, et presque convaincu, même si je ne suis pas dupe, le discours socialiste, s’il paraît bon, appréciable, lorsqu’il sort de la bouche d’un tel homme, n’en est pas moins un ramassis de paroles bonnes conscientes pour le bobo qui se croit humaniste. En revanche, il est une espérance pour l’ouvrier, le travailleur, le jeune, c’est certain, c’est comme ça que je veux voir le monde, solidaire, modéré dans ses opinions, tolérant, altruiste, respectueux, mais aussi logique, fondé sur la raison, moral, et lucide. Alors suis-je un socialiste dans le fond? Je crois bien que oui, il ne faut pas croire que parce qu’on soutient Mr Sarkozy, on pense qu’il est bon et les autres mauvais, c’est plutôt que ce monsieur m’a paru plus perspicace, plus attentif, et plus réaliste que bien d’autres candidats, même si j’ai beaucoup apprécié Mr Bayrou, et que je suis en adéquation avec les idées sociétaires socialiste. Mais attention, j’ai besoin d’encore beaucoup de discours pour le devenir pleinement, ou pour m’en détacher complètement, rappelons que je viens d’une famille de patrons et de bourgeois.